« Je me souviens de la sécheresse de ma misanthropie, ma conviction que la plupart des hommes ne valent rien, ne sont que de circonstances, que d’autres ne sont qu’en leurs appétits, qu’il n’y a que peu d’êtres, et d’être qu’en instants.
Je me souviens de celui, à qui l’amour donna tord. »
Antonio Exposito, Les cahots de l’anthropie.
Au soir de sa vie, un vieil homme se tord vers son passé pour en comprendre ses tours et ses détours. Il tisse alors ses mots comme un filet pour mieux retenir son essentiel.
Il retrouve un enfant trop lent qui jetait des graviers dans la cour d’école, refusant de se soumettre à la cruauté des autres. Il croise un jeune homme solitaire, réfugié dans les livres et la parole des morts pour mieux fuir la vanité des vivants. Il découvre un salaud qui se sert des femmes en pansement de chair et de cœur pour cacher sa propre futilité.
Quand celui qu’il est devenu rencontre celui qu’il était, ce sont deux voix qui se percutent autant qu’elles tentent de se lier, deux regards qui se jugent sans compromis : l’un dans le présent de son vécu et de ses émotions, l’autre dans la sagesse de la distance et du souvenir.
Par une histoire qui se déroule comme le fil d’une pelote, que l’on saisit autant qu’elle nous attrape,
on découvre comment une vie qui n’est pas la sienne peut résonner en soi. On s’y voit, on s’y écœure, on s’y rêve aussi. Le texte, dans une bouleversante sincérité, nous tresse à lui chapitre après chapitre ; auteur, personnage, narrateur et lecteur, chacun allant à la rencontre des autres dans un entrelacs de nœuds qui s’ajoutent au canevas de nos vies. Et, pour qui saura lire entre les lignes, nous plongeons dans la genèse du Quatrième Roi Mage.