« Sans sens de lecture, le cœur du texte n’existe pas. Le mien non plus. Il faut un sens aux mots pour que leur cœur palpite. L’Ouïe a beau m’offrir un nom, une majuscule, je ne peux l’accepter. On ne se hisse pas ainsi sans être à la hauteur, sans se suffire à soi-même. »
Isabelle Aupy, La Panseur de mots.
L’Ouïe, correcteur, déambule au sein du paragraphe orné de l’apostrophe qui le balafre autant qu’elle l’appelle en ce lieu étrange.
Il découvre un monde où la ponctuation s’égaye comme des enfants malicieux ; où le Sujet règne en maître absolu ; où les pronoms prennent mille visages ; où la majuscule se mérite autant qu’elle se jalouse ; où les noms propres se défient ; où les Nomades du Verbe attendent leur temps pour se conjuguer enfin ; où les Chiffres aident à tourner la page.
Mais ce monde s’écroule, ravagé par la guerre. Les Poètes, traqués par les correcteurs, se cachent entre les lignes et soufflent leur vers, détruisant dans leurs explosions des phrases entières et menaçant le pouvoir du Sujet comme la cohérence du Livre. Jusqu’au jour où L’Ouïe écoute l’un d’eux et le sauve au lieu de le tuer. Par ce geste fou, il défie l’ordre et risque sa mort. Il lui faudra alors l’aide de belle, adjectif incapable de s’accorder, pour percer les secrets d’un texte qui ne connaît pas encore sa fin, et tenter d’en réchapper.
Le Panseur de mots est une œuvre mouvante autant qu’insolite,
un voyage initiatique dans un univers pourtant tellement familier et tout autant oublié, mis de côté au profit du contenu : celui du livre en tant qu’objet et des mots qui le composent. Ainsi le texte s’écrit sous nos yeux, au fil des pages qui se tournent. Il saura ravir les lecteurs les plus exigeants, les plus audacieux, tous ceux en quête de nouveaux styles, de nouvelles idées comme d’un univers totalement original, une véritable expérience de lecture et l’espoir d’embarquer dans une aventure comme on reconstitue un puzzle.